Anjou - Département de Maine-et-Loire
Archives départementales Aux sources de l'histoire de l'Anjou

Semaine du 10 au 16 avril 1916

Alors que Le Petit Courrier annonce le décès du lieutenant-colonel Driant, décédé le premier jour de la bataille de Verdun dans le bois des Caures, le quotidien Chronique Angevine de la Croix (25 JO 26) revient plus largement sur les faits locaux de cette semaine.

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Lundi 10 avril 1916, la mort du colonel Driant

Depuis l’attaque du bois des Caures menée par le lieutenant-colonel Émile Driant, plusieurs rumeurs circulent à son sujet. Responsable de la défense de cette zone, le député de Nancy commande deux bataillons de chasseurs. Le 21 février 1916, les Allemands bombardent intensivement la rive droite de la Meuse dont le bois des Caures et avancent sur les positions françaises. Driant et ses chasseurs reprennent aux ennemis le bois des Caures mais ces derniers, aidés de forces supplémentaires, enveloppent le bois. Le lieutenant doit alors organiser la retraite de ses troupes vers Beaumont. Des rumeurs signalent que le lieutenant-colonel Driant serait prisonnier des Allemands, d’autres disent qu’il serait blessé. Mais, ce lundi 10 avril 1916, Le Petit Courrier communique le décès de M. Driant. Par l’intermédiaire de Maurice Barrès, le journal publie la lettre que Mme Driant a reçu de la mère d’un lieutenant ayant combattu avec le défunt, elle dit : «  mon fils […] ma dit de vous écrire et de vous assurer que M. Driant a été enterré avec tout respect, tout soins et que ses camarades ennemis lui ont creusé et orné un beau tombeau […]. M. Driant a été enterré tout près du commandant Étienne Renouaurd, du même bataillon, 57-59 chasseurs à pied, à la lisière de la forêt des Caures, entre Beaumont et Flabas ». Le lieutenant-colonel Driant serait resté dans les derniers lors du repli de ses troupes. Il serait mort sur le coup d’une balle dans la tempe.

Mardi 11 avril 1916, une femme assommée par son mari à Bécon

M. Tauban est conseiller municipal et est propriétaire d’un important moulin à La Courtine à Bécon, commune du canton du Louroux-Béconnais. Il y a quelques années, il épouse Mlle Thourin dont il a plusieurs enfants. La jeune femme est alcoolique et souvent son mari lui fait « d’amères reproches ». Au cours d’une soirée où Mme Tauban est encore ivre, « son mari dans un accès de violente colère la frappa brutalement dans la cour du moulin ». Des témoins affirment que l’homme « qui criait très fort avait jeté sa femme à terre et la frappait à coups de bâton ». Plus tard, le domestique découvre la femme étendue dans la maison et couverte de sang. M. Tauban ne s’en inquiète pas et décide d’aller dormir. Le lendemain matin, M. Tauban appelle le docteur qui « en présence de l’état dans lequel il trouva la malheureuse, refusa le permis d’inhumer. Il fit prévenir la gendarmerie qui avisa le parquet d’Angers ». Le meunier est soumis à un interrogatoire où il nie avoir frappé sa femme. Mais suite à l’autopsie du corps, un mandat d’arrêt est délivré contre M. Tauban.
 

Jeudi 13 avril 1916, l’expansion économique de l’Anjou

Un groupement s’est formé à Angers « pour aider au développement économique de notre région, en y provoquant soit la création d’entreprises nouvelles, soit le développement de celles y fonctionnant déjà ». Il a son siège au 24 rue de Chevreul à Angers et se compose de grandes personnalités, comme celles de M. Bessonneau qui en est le président, de M. Blachère, de M. Bordeaux-Montrieux, de M. Brault, de M. Cointreau, de M. Girard- Amiot, de M. Lafargue, du vicomte de Rougé, etc. Ils se réunissent dans le cadre de réunions. À la dernière réunion, M. le vicomte de Rougé signale à l’assemblée l’utilisation de la motoculture dans les départements voisins et dont les retours sont satisfaisants. Ils émettent l’idée d’une utilisation dans notre département afin d’entrainer « une transformation profonde de la grande et même de la moyenne culture ». En tout cas, le journal lance ses encouragements à l’association qui « est appelée à jouer un rôle important dans notre département ».

Jeudi 13 avril 1916, un brave

La Chronique Angevine de la Croix transmet le message de l’hôpital militaire d’Angers qui appelle « à la bienveillante attention » des lecteurs « sur la situation particulièrement digne d’intérêt du blessé Gifal Marcelino, actuellement en traitement à l’hôpital mixte d’Angers, salle Saint-René et qui est amputé des deux jambes ». Gifal Marcelino est né en Algérie. Il s’engage dans l’armée dans l’infanterie coloniale et participe à différentes campagnes qui le font voyager au Maroc, au Tonkin, en Nouvelle-Calédonie et en France. Avec la mobilisation française, il s’engage dans le 2e étranger et part pour l’Alsace puis pour la Champagne. Un éclat d’obus lui arrache les deux jambes. Il est vite aidé par des camarades qui le ramènent vers l’arrière. Il est actuellement en convalescence à Angers. Pour ses faits de guerre, il reçoit la Médaille militaire et la Croix de guerre avec palme. L’homme, sans famille, « n’a jamais connu le bonheur que procure la lecture d’une missive familiale, pas plus que la joie de recevoir quelques subsides qui permettent au soldat de se payer quelques douceurs ». Il y a donc ici « un geste généreux à accomplir » et il est recommandé aux cœurs charitables des lecteurs d’apporter quelques offrandes au soldat.

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