Les opérations sur le front anglais : la bataille d’Arras
Le Journal de Maine-et-Loire livre un résumé de la bataille d’Arras du côté canadien, qui condense les communiqués épars s’étirant depuis plus de deux semaines dans la presse locale et quotidienne. « La grande bataille, attendue par tout le monde, est précédé d’une manœuvre en retraite de l’adversaire, qui dérobe son centre entre Arras et Soissons ». Les ennemis sont piqués sur leurs ailes en deux fronts : celui d’Arras-Lens et plus au sud, Soissons-Reims. « La bataille d’Arras se déclenche le 9 avril […] sous une tempête de neige […] L’ennemi, réfugié dans ses tunnels et dans ses abris profonds, reparut derrière » les troupes canadiennes qui ne maitrisent réellement son adversaire qu’en fin de journée. De nombreux prisonniers se dirigent vers l’arrière, « ils rendaient grâce pathétiquement et souvent comiquement, dit le rapport, à la fortune de la guerre qui leur sauvait la vie […] Nous n’avons pas de récits officiels pour les autres corps ni pour les journées suivantes ».
La ligne d’Hindenburg
Le Premier ministre anglais, Lloyd Georges, présente le principal objectif de l’offensive franco-britannique lancée en Champagne ; il s’agit avant tout de contraindre la ligne d’Hindenburg à passer de la rive gauche à la rive droite du Rhin. Cette frontière fictive « tracée sur les territoires des autres nations avec l’avertissement que les habitants de ces territoires ne franchiront cette ligne qu’au péril de leur vie », doit être repoussée. Avec l’aide des États-Unis, les Alliés veulent cantonner l’armée allemande de l’autre côté du Rhin, « ce doit être pour toujours, que l’Allemagne devra désormais renoncer à toute domination sur la rive gauche du grand fleuve ». C’est aussi l’une des premières fois que la presse énonce clairement les intérêts français dans la région. Les départements de l’Alsace-Lorraine représentent un atout majeur pour l’économie et l’industrie du pays. Le problème du remaniement de la carte politique de l’Europe c’est qu’« aucune allusion ne fût faite aux compensations auxquelles a droit la France ».
Manifestations à Berlin
Un mouvement important de grèves secoue toute l’Allemagne depuis plusieurs jours. Les manifestations se multiplient et les relations entre les grévistes et les forces de l’ordre sont tendues. L’organe socialiste majoritaire, le Vorvaerts, appelle au calme : « les autorités militaires et policières ont fait savoir aux associations que si les manifestations de mécontentement populaire prenaient un caractère trop grave, elles interviendraient avec la dernière violence et sans aucun ménagement […] Le Vorvaerts […] supplie les grévistes de ne pas mettre la patrie en danger en refusant aux camarades qui sont au front les armes et les munitions dont ils ont besoin ».
Lénine hué à Petrograd
« Le révolutionnaire Lénine, qui était venu à Petrograd sous l’égide de l’Allemagne dans le but de prêcher la paix séparée à ses compatriotes, vient d’essuyer l’échec le plus absolu ». La popularité du socialiste laisse encore à désirer, tant en Russie qu’à l’étranger. L’opinion publique reste focalisée sur l’ennemi allemand et ne veut pas se lancer dans un bouleversement politique total. Lénine est présent le 19 avril 1917 devant le Comité des délégués des députés ouvriers et soldats et présente un discours sur « la nécessité de conclure la paix et de réduire la Russie à la Moscovie, entourée de petits états indépendants […] L’indignation des auditeurs fut telle qu’il dût s’enfuir sous les huées et les sifflets ». « Un certain dualisme existe toujours entre les ouvriers et le gouvernement russe, en dépit du comité révolutionnaire » affirme Le Journal de Maine-et-Loire la veille.
Triple condamnation à mort
Le troisième Conseil de guerre de Paris, présidé par le colonel Sempron de la garde républicaine, est à la prise avec « une affaire complexe d’espionnage, d’intelligence avec l’ennemi, d’association de malfaiteurs, de vol, de désertion à l’extérieur ». Six personnes sont impliquées dans ce procès. Le jugement prononcé est assez contradictoire : trois condamnations à mort sont prononcées, puis des peines de prison, de travaux forcés et même un acquittement.
Les femmes aviateurs
Si le champ de bataille est encore interdit aux femmes, ces dernières expriment déjà la volonté d’être associées à la formation des troupes et formées aux techniques militaires. « La femme aviateur, Miss Ruth, organise un corps de femmes américaines professeurs d’aviation. Elle offre son concours au gouvernement qui reçut déjà trois mille pareilles requêtes ».
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