Lundi 1er novembre 1915, l’agitation roumaine en faveur de l’intervention
Une assemblée s’est réunie en Roumanie afin de faire connaître au gouverneur les sentiments du pays. Des « discours enflammés ont souligné la nécessité d’une intervention roumaine aux côtés des nations latines qui combattent pour la liberté et la justice ». Puis, un cortège s’est formé avec à sa tête M. Filipesco, M. Jonesco, le poète Goga et l’ancien ministre Teani. Défilant dans le centre-ville, ils font « une démonstration de sympathie devant la légation de Russie ». L’hymne national de Roumanie ainsi que La Marseillaise sont entonnés par la foule. Puis, le cortège se heurte à la police qui souhaite disperser les manifestants. Des bagarres éclatent. On recense, du côté des manifestants, un mort et des blessés. Pendant la nuit, la foule met à sac la salle de rédaction du journal germanophile Minerva et les locaux du club conservateur dont le principal membre est aussi germanophile.
Lundi 1er novembre 1915, le ministre de France chez le roi Constantin
Le ministre de France en Grèce, M. Guillemin, s’est entretenu avec le roi grec Constantin Ier. Cette rencontre est largement commentée dans la presse. Selon l’organe gouvernemental de presse, le Kairoi, « M. Guillemin aurait fait connaître au souverain, le point de vue de son gouvernement concernant l’évolution de la situation dans les Balkans ». « Il aurait donné aussi au roi des renseignements relatifs au débarquement des troupes alliées à Salonique et indiqué les décisions des puissances de l’Entente pour l’action ultérieure des leurs troupes ». D’un autre côté, un journal antivenizeliste affirme que l’entrevue a simplement un caractère formel et ne croit pas à « l’imminence d’une démarche des puissances de l’Entente à Athènes ».
Lundi 1er novembre 1915, pour les morts du 135
Une messe de requiem est célébrée samedi 30 octobre dans l’église Saint-Joseph à Angers « pour les officiers, sous-officiers et soldats morts au champ d’honneur dans la journée du 25 septembre dernier ». Au cours d’une attaque au sud d’Arras, le 135e régiment d’infanterie perd 1 106 hommes*.
* L’information est tirée du livre d’Alain Jacobzone, En Anjou, loin du front, (p. 72).
Mardi 2 novembre 1915, la visite du général Joffre à Londres
Le général Joffre s’est rendu à Londres. Durant cette visite, la population londonienne « s’est trouvé à même de rendre au généralissime français un hommage personnel ». Le Times écrit, à ce propos, dans son éditorial, qu’il « n’y a pas un commandant d’armée en campagne dans lequel la nation britannique ait une confiance plus profonde ». Cette venue inattendue de Joffre s’explique par la situation actuelle des Balkans, dont il veut régler certains points avec l’Angleterre. Le journal Morning Post conclue : « nous sommes autorisés à penser que les deux gouvernements continueront d’agir avec cette harmonie et cette concorde qui ont constitué, durant les quinze derniers mois, un phénomène vraiment unique dans l’histoire du fonctionnement des alliances ».
Mercredi 3 novembre 1915, une tentative de meurtre à Pouancé
Un valet de chambre de 18 ans, Émile Corday, domicilié à Pouancé, se trouve avec des amis sur la grande place de la ville. Un d’entre eux est soudainement attaqué par « un jeune individu à mine patibulaire ». Émile Corday vient en aide à son ami mais « l’apache, appelons-le tout de suite ainsi, furieux se tourna alors vers ce nouvel adversaire et se sentant, sans doute le moins fort, fouilla soudain dans sa poche, et sortant son révolver par un geste brusque, en tira un coup dans la direction de Corday ». La balle atteint le jeune homme au bras gauche. La gendarmerie, qui est rapidement avertie, procède à l’arrestation de « l’apache ». Ce dernier ne bénéficie pas d’une bonne réputation à Châteaubriant, il possède également sur lui un poignard, un coup de poing américain et un révolver. Émile Corday est emmené à l’hôpital d’Angers mais « son état n’est pas très grave ».
Jeudi 6 novembre 1915, les protestations contre la vie chère
Les organisations syndicales de la Bourse du Travail d’Angers demandent d’insérer dans le journal L’Ouest, une note qu’ils adressent au maire et aux conseillers municipaux d’Angers. Ces organisations soulignent les nombreuses plaintes qu’elles reçoivent, chaque jour, de femmes qui se demandent « s’il ne serait pas possible de chercher à mettre un frein à des spéculations aussi honteuses que celles qui s’exercent sur toutes les choses de premières nécessités ». En effet, les prix d’une année à l’autre augmentent fortement. C’est pourquoi, ces organisations syndicales veulent transmettre au maire la liste des prix qui changent de 1914 à 1915, lors d’une entrevue avec M. Blanc. La délégation de la Bourse du Travail souhaite que la municipalité uses de ses pouvoirs « soit pour tarifer les prix des denrées ou soit afin que la municipalité passe elle-même les achats en gros et les distribue à prix de revient ». La note rajoute que les femmes informent les hommes sur le front et que « cela n’est guère réconfortant pour eux ».
Dimanche 7 novembre 1915, un projet de loi sur la taxation des denrées
Le Gouvernement dépose à la Chambre des députés « un projet de loi sur la taxation des denrées et matières de consommation ». Il est conscient de l’augmentation des prix des denrées alimentaires et des matières de première nécessité. Cette hausse « est due en grande partie à des causes naturelles déterminées par la mobilisation : rareté de la main d’œuvre qui a pour conséquence une diminution dans la production nationale, enchérissement de toutes les matières premières, pénurie des moyens de transport, réquisitions et achats de vivres pour l’armée ». Le Gouvernement français veut prendre « toutes les mesures nécessaires pour remédier, autant que possible, à cette situation ». Il existe une loi du 19 juillet 1791 qui « permet aux maires de taxer le pain et la viande de boucherie » mais cette loi ne peut pas s’appliquer sur le vin, le blé et autres grains. Le Gouvernement veut « donner aux maires et à défaut aux préfets le droit de taxer tout ce qui est nécessaire à la vie » sans pour autant provoquer des taxations générales de toutes les denrées. Les municipalités peuvent désormais avoir recours à cette mesure « que lorsqu’elle se trouveront en face de renchérissements injustifiés ou de spéculations évidentes ».
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