Le nouveau ministère
Aristide Briand doit reconstituer un nouveau cabinet ministériel. Il veut regrouper « dans un gouvernement uniquement préoccupé des intérêts de la défense nationale, les représentants du pays les plus qualifiés quelque soient leurs opinions politiques ». Le journal évoque « MM. De Freycinet, Émile Combes, Léon Bourgeois et Denys Cochin » disposés à entrer, comme ministres d’État sans portefeuille, dans la nouvelle combinaison. On parle aussi du général Gallieni et de l’amiral Lacaze pour les portefeuilles de la Guerre et de la Marine. Aristide Briand « se réserverait le portefeuille des Affaires étrangères » avec comme secrétaire général l’ancien ambassadeur de France à Berlin, M. Cambon.
« Le nouveau ministère est officiellement constitué comme suit :
- Présidence du Conseil et Affaires étrangères : M. Briand
- Ministre de la Justice, vice-président du conseil : M. Viviani
- Ministère de la Guerre : Général Gallieni
- Marine : Contre-amiral Lacaze
- Intérieur : M. Malvy
- Finances : M. Ribot
- Agriculture : M. Meline
- Travaux publics : M. Sembat
- Commerce : M. Clémentel
- Instruction publique et inventions intéressant la défense nationale : M. Painlevé
- Ministres d’État sans portefeuille : MM. De Freycinet, Bourgeois, Combe, Jules Guesde et Denys Cochin ».
La déclaration ministérielle
M. Viviani au Sénat et M. Briand à la Chambre des députés prononcent un discours que Le Républicain de Maine-et-Loire publie. Ce discours montre la volonté du gouvernement de passer à une attitude active, dynamique et efficace : « des décisions claires, nettes et rapides ; une exécution prompte, dégagée des vaines formalités, exempte de toute hésitation, de toute incertitude : c’est à quoi nous appliquerons nos esprits et notre énergie ». Il souligne l’importance de rassembler « toutes les forces vives de la nation », de maintenir l’union sacrée afin d’obtenir la victoire finale de la France. L’invincibilité de l’armée française est largement mise en valeur dans cette déclaration : « avec une telle armée, commandée par un tel chef, avec une marine qui la seconde efficacement, toutes les espérances sont permises ». La censure de la presse est évoquée et l’on propose une collaboration entre la presse et le gouvernement afin de trouver « des conciliations nécessaires dans une démocratie entre la liberté et l’autorité ». Les deux hommes d’état rappellent la solidarité entre les alliés mais souhaitent une coordination des efforts des nations alliées encore plus complète par « des rapports plus fréquents, par des contacts de plus en plus intimes ». Ils insistent sur leur soutien sans faille à la Serbie, cette « héroïque nation ». Le discours tente de remobiliser : « nous avons la volonté de vaincre, nous vaincrons ! ».
Le cabinet grec est mis en minorité
Un incident s’est déclenché entre le ministre de la guerre et la majorité venizeliste sur un projet de loi militaire. Cet événement met le feu aux poudres en Grèce. Après un discours de M. Venizelos, M. Zaimis pose la question de confiance. Les députés rejettent le gouvernement actuel par 147 voix contre 114. Le gouvernement est donc en minorité. Le premier ministre grec, M. Zaimis, déclare la crise ministérielle ouverte et donne sa démission du cabinet.
Les troupes franco-serbes sur la route d’Istip
Une dépêche officielle annonce que les Serbes reprennent la ville de Vélès. Les Français occupent le village de Tirteli mais le journal souligne que « leur but parait plutôt de retenir de forts contingents bulgares que d’attaquer ». Les troupes franco-serbes se dirigent désormais vers Istip. La résistance serbe est très efficace. Les Bulgares n’arrivent pas à avancer et continuent « à essuyer des pertes très lourdes ». Parallèlement, les troupes serbes lancent des offensives victorieuses.
La visite du roi George V en France
Le roi anglais George V vient en France rendre visite aux armées françaises, comme le déclare le journal Daily Telegraph : « c’est la première fois dans l’histoire qu’un souverain anglais visite les armées françaises en campagne ». Il assiste à la décoration de soldats par Raymond Poincaré, notamment du Corps colonial qui s’est distingué pendant l’offensive en Champagne.
Les appareils de protection contre les gaz asphyxiants
De nombreuses familles envoient à leurs hommes sur le front des appareils dits « de protection contre les gaz asphyxiants ». Le ministre de la Guerre refuse que ces appareils, produits sans contrôle officiel, soient envoyés puisque le Gouvernement lui-même fait parvenir aux soldats du matériel qui fait ses preuves. Désormais, les colis contenant ces appareils seront directement retournés aux expéditeurs.
À la gloire des morts, les imposantes manifestations dans les cimetières angevins
Lundi 25 octobre s’est déroulée une importante manifestation patriotique à Angers. Depuis la mairie où se sont rassemblés les autorités civiles et militaires, les sociétés militaires et de nombreux Angevins, un cortège s’est formé pour se rendre au cimetière de l’Est puis au cimetière de l’Ouest. Parmi les personnalités présentes, on reconnait le sénateur, M. Cesbron, le député, M. Bougère, le préfet de Maine-et-Loire, M. Fabre, le général d’Ormesson et le général Tétard. Parmi les sociétés défilent la Société des Médaillés militaires, les Anciens combattants de 1870-71, une délégation des membres de la Société de Secours aux Blessés Militaires ou encore une délégation des Infirmières de l’Union des Femmes de France. À l’arrivée du convoi au cimetière de l’Est attend « plus de trois milles personnes ». Les tombes des « braves soldats morts de leurs blessures dans les hôpitaux d’Angers » sont garnies « d’innombrables fleurs et de trophées, de drapeaux tricolores ». Le convoi se dirige ensuite vers le cimetière de l’Ouest où sont inhumés les soldats anglais décédés à Angers.
Une scène tragique à Angers
Un réfugié belge, du nom de Gustave Creupeland, fréquente, depuis quelques mois, une jeune fille Alexandrine Chalopin. Cette liaison ne plait pas au frère de la jeune fille. Un soir, M. Creupeland se rend au théâtre avec son amie et croise le frère à l’angle de la rue Saint-Aubin et du boulevard de Strasbourg à Angers. Après quelques mots échangés, ils se quittent. Mais le Belge, ayant fait à peine quelques pas, entend « prononcer le mot de Boche » qui sortait de la bouche du frère. Lui demandant si cette épithète lui est adressée, le frère répond affirmativement. C’est alors que Creupeland lui lance une violente gifle. Le frère de la jeune fille « ne se sentant pas en force de répondre à son adversaire, s’empara de son couteau et en appliqua vigoureusement un coup qui atteignit Creupeland en pleine poitrine un peu au-dessous du cœur ». La victime tombe et perd son sang en abondance. Il est rapidement emmené à l’hôpital. Le frère d’Alexandrine Chalopin est arrêté.
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