Troubles sanglants à Bruxelles
« On sait que, suivant l’odieuse méthode inaugurée par eux dans le Nord de la France, les Allemands déportent aujourd’hui les civils belges ». Ces derniers sont condamnés à travailler de force dans les usines allemandes afin de remplacer les hommes mobilisés dans l’armée. Cette pratique, particulièrement active dans la région d’Anvers (30 000 déportés), gagne maintenant Bruxelles. À l’aide d’affiches, l’Allemagne demande à chaque homme valide de 17 à 30 ans de se tenir prêt à partir avec une cuiller, une fourchette et des vêtements de rechange. Afin de manifester leur mécontentement, les Bruxellois entament donc une révolte armée contre l’occupant : « de nombreux belges et une trentaine d’allemands ont été tués ou grièvement blessés ». « Bruxelles est fermé et il est interdit d’y entrer ou d’en sortir ».
Réélection de Wilson à la présidence des États-Unis
Les élections américaines de l’année 1916 sont suivies dans le monde entier avec attention, d’autant plus que le dépouillement des résultats connaît quelques rebondissements. Le 8 novembre 1916, Le Patriote de l’Ouest donne le candidat conservateur, Charles E. Hugues, favori : « les journaux républicains saluent avec enthousiasme cette victoire […] et disent que la politique extérieure américaine sera maintenant marquée par l’énergie et la fermeté ». Mais coup de théâtre, c’est bien le président sortant, Woodrow Wilson, qui est réélu officiellement le jour suivant. « Il y a déjà des perspectives de contestation sur la validité de certains résultats », mais la Ligue démocratique proclame : « Wilson est réélu. Nos adversaires sont furieux ». L’élection de l’année 1916 est marquée par le premier vote de 500 000 femmes de l’Illinois, qui « ont presque partout suivi leur mari ».
Léopold de Bavière, pseudo-roi de Pologne
« L’Allemagne et l’Autriche se sont enfin mises d’accord au sujet des promesses qu’elles avaient faites aux Polonais et dont la réalisation s’est longtemps faite attendre ». Les deux États conviennent donc de l’indépendance politique de la Pologne et s’accordent sur la nomination de Léopold de Bavière comme monarque. « Les droits de cette monarchie […] sont clairement indiqués : elle va être la vassale et le satellite des puissances centrales » contre la Russie, qui avait également promis les mêmes termes aux habitants russes de cette région. La proclamation de l’indépendance polonaise et aussi le moment pour les membres de l’Alliance de poser un « artificieux stratagème pour faire entrer de force les sujets polonais dans leurs armées » « au moment où, sur tous les fronts, les rangs des armées des puissances centrales sont progressivement et dangereusement diminuées ». « L’avenir de la Pologne est une question européenne d’une importance extrême » qui inquiète donc les Alliés.
L’offensive italienne
Les Italiens poursuivent leurs combats sur la frontière austro-hongroise. Victorieux, ils infligent de lourdes défaites à leur ennemi et reprennent des places fortes stratégiques sur le front Est : « l’autorité autrichienne a ordonné l’évacuation de Trieste. Les habitants ont reçu l’intimation d’abandonner la ville et de se réfugier dans l’intérieur du pays ». Mis à mal, l’armée impériale réclame l’envoi de renforts sur le Carso. Les civils « sont isolés du reste de la population et encerclés par la police » pour éviter d’éventuelles fuites de renseignements.
La Noël des soldats sarthois
Le Comité des Œuvres de guerre du Mans fait appel aux dons pour sa Journée Sarthoise et l’envoi de colis de Noël pour les soldats du front. Rappelant le succès de l’année 1915 et les deux mille poulardes transportées aux mobilisés de la région, le Comité projette de les remplacer cette année par « huit mille boi[t]es d’excellentes rillettes de fabrication familiale ». Le Préfet alloue même 15 000 francs pour l’envoi des paquets. Les parents des combattants sont donc conviés à communiquer les numéros de régiments où se trouvent les sarthois. Les généreux donateurs « auront ainsi la satisfaction de constater que les ressources mises à la disposition du Comité ont bien reçu l’affectation désirée par eux ».
Encore l’ivresse !
« Le chapitre est éternel : quand un soldat jusqu’alors de bonne conduite est traduit devant le Conseil de guerre pour outrages envers supérieurs, violence ou rébellion, c’est qu’il était ivre ». Deux soldats originaires de Laval en font ainsi la malheureuse expérience. Affectés à la surveillance des prisonniers de guerre le 10 septembre 1916, ils se détournent subitement de leur mission. « Peu après, un gendarme les retrouvait complètement ivres et voulut les emmener ». Les insultes pleuvent et l’un d’entre eux brise même une vitre. Le verdict est sans appel : « le Conseil condamne les deux pochards en révolte à quatre mois de prison » et fait bénéficier de la loi de sursis pour l’un des soldats, qui s’est notamment fait connaître pour un acte d’héroïsme qui sauva un camarade blessé.
Avortement
L’affaire est au fond « extrêmement simple » : un avortement a été accompli « par une jeune femme, sans complices, et dans des circonstances très ordinaires ». Cette saumuroise possède la « réputation d’une personne légère ». Depuis le départ de son mari pour le front, elle réside chez ses parents avec ses deux enfants. La jeune femme n’est « pas heureuse » et subit la « mauvaise humeur » de son conjoint à son retour, avec lequel elle est en instance de divorce. Le 8 juin 1916, elle se rend compte de sa grossesse et prend peur devant cette nouvelle charge. Après avoir essayé de corrompre une sage-femme, la prévenue, en désespoir de cause, « se détermina à se livrer sur elle à des manœuvres abortives et à faire disparaître l’enfant ». « L’attitude de l’inculpée est tout à fait soumise » durant le procès et donne « bonne impression ». Elle écope finalement d’un an de prison.
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