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Vivre la République

Exposition proposée du 16 mars au 6 octobre 2017

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Cette double exclamation sonne aujourd’hui comme une évidence : la République, c’est la France et ses valeurs sont celles de la Nation tout entière.

Le retour sur les deux siècles passés que propose cette exposition montre qu’au contraire la mise en place des principes et des valeurs de la République ne s’est faite que progressivement, parfois douloureusement, et qu’elle reste toujours un acquis à consolider et à défendre. 

VIVE LA RÉPUBLIQUE,
c’est d’abord en 1792 le cri d’un nouveau pouvoir qui s’impose par les armes ; c’est en 1848 un espoir d’égalité qui instaure pour la première fois le suffrage universel.

VIVRE LA RÉPUBLIQUE,
c’est un enracinement progressif, de 1870 à 1940, et le déploiement de symboles : Marianne et le drapeau tricolore, la Marseillaise et la fête nationale du 14 juillet.

VIVRE LA RÉPUBLIQUE,
c’est aussi choisir de la défendre lorsqu’elle est mise à bas en 1940, ou la reconstruire à la Libération. C’est en rappeler les valeurs lorsqu’elles sont menacées, comme lors des derniers attentats.

La République en marche

L’année 1789 s’ouvre dans une grande effervescence politique. Avant même toute idée de République, les députés du tiers état aux États généraux expriment des sentiments exaltés d’unité, de Nation et de Patrie, que la Révolution fera germer. 

La nouvelle de la prise de la Bastille, le 14 juillet 1789, est connue à Angers le 17 juillet. Ce même jour, Louis XVI reçoit à l’Hôtel de ville de Paris, en signe de réconciliation, la cocarde bleu, blanc, rouge, aux couleurs de l’uniforme de la Garde nationale. En 1790, la fête de la Fédération, née de l’initiative de jeunes Volontaires angevins, réaffirme les idéaux  de concorde et de paix civile. Mais l’expérience de monarchie constitutionnelle tourne court : la fuite du Roi, la guerre aux frontières durant laquelle s’illustre l’Angevin Beaurepaire sont des tournants décisifs. Le 20 septembre 1792, au lendemain de la victoire de Valmy, la République est proclamée, tandis que partout se répandent les accents du chant de marche composé par Rouget de l’Isle pour l’armée du Rhin : la Marseillaise.

L’Ancien Régime est aboli, le roi n’est plus. Mais la jeune République va se noyer dans le sang. Les décisions extrêmes de la Convention, son acharnement à imposer par la force une déchristianisation brutale engendrent la guerre civile qui marquera durablement le territoire angevin.

Il faudra attendre 1848 pour que s’incarne à nouveau brièvement la République. À Angers, elle est portée par Grégoire Bordillon, journaliste fondateur du Précurseur de l’Ouest, nommé préfet de Maine-et-Loire en juin 1848. Mais la République est redoutée pour son intransigeance, et Louis-Napoléon Bonaparte se pose en tenant de l’ordre. En 1852 le régime impérial est rétabli, et toute tentative d’insurrection républicaine, comme à Angers celle de la Marianne, société secrète des ouvriers de Trélazé, est sévèrement réprimée. 

La République s'affirme

La chute du second Empire en 1870, puis surtout la défaite des monarchistes en 1879, laissent le champ libre à la République. Dans une France majoritairement rurale, aux traditions conservatrices encore très vives particulièrement dans l’Ouest, son enracinement progressif s’appuie sur deux forces puissantes et complémentaires : l’école et la mairie.

En matière d’éducation, les lois scolaires de 1881-1882 établissent la gratuité, la laïcité et l’obligation scolaire qui permettent de diffuser dans un socle commun les idéaux républicains. Aux communes, et à leur maire élu, revient le soin de représenter le gouvernement et d’affirmer, non sans difficulté parfois, les symboles de l’unité nationale.

Le 14 février 1879, la Chambre des députés choisit la Marseillaise comme hymne national. En juin 1880, sur proposition du député Benjamin Raspail, elle adopte le 14 juillet comme fête nationale, en souvenir de 1789 mais aussi des idéaux de concorde exprimés en 1790 par la fête de la Fédération.

L’Anjou regarde ces initiatives avec scepticisme. Malgré le ralliement du pape Léon XIII à la République, les conservateurs de tradition monarchiste ou bonapartiste y restent majoritaires, appuyés sur une Église catholique influente dans les villes comme dans les campagnes. Il faudra attendre la tragique leçon de la Grande Guerre de 1914-1918 pour que les clivages politiques ne remettent plus en cause l’évidence républicaine. 

La République à l'épreuve

La défaite de 1940 emporte avec elle la République. Le maréchal Pétain, nommé chef du gouvernement, signe le 22 juin un armistice avec l’Allemagne et se voit attribuer le 10 juillet les pleins pouvoirs constituants. Le régime qu’il incarne désormais, celui « de Vichy », est un régime autoritaire qui s’attribue un nouveau symbole, la francisque, qui remplace désormais sur les actes officiels le sceau de la République.

Le drapeau tricolore sera celui des combattants de la Liberté. Dès juillet 1944, le gouvernement provisoire du général de Gaulle rétablit principes et symboles, et le 11 août la première cérémonie de la Libération met en valeur le drapeau tricolore, la cocarde et la Marseillaise. À Angers c’est Michel Debré, commissaire de la République, qui incarne l’honneur retrouvé de la République.

Le renouveau républicain est désormais à l’épreuve de la durée. En 1946, Charles de Gaulle s’est retiré d’une IVe République qu’il n’approuve pas. En 1958, la guerre qui s’est ouverte en Algérie le ramène au premier plan, et avec lui les hommes de la Libération, notamment Michel Debré. Ensemble, ils conçoivent les institutions de la Ve République, qui auront à faire face aux nombreux défis et crises de la seconde moitié du XXe siècle.

Mais lorsque la République est menacée, comme lors des derniers attentats, c’est à ses idéaux et ses symboles que tous font appel, brandissant les drapeaux tricolores comme autant de signes d’attachement à ses valeurs désormais partagées d’humanité et de liberté. 

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