Ce peuple nommé par César Andes, puis par Tacite Andégavi n'est autre, rappelons-le, qu'un rameau d'un plus vaste groupe celte, venu avec ses semblables du nord de l'Europe au cours de la seconde moitié du premier millénaire avant notre ère.
Par la Mayenne, la Sarthe et le Loir, il prit peu à peu possession des terres situées au confluent de la Loire et de ces rivières. Longtemps, une lutte ouverte avait opposé les Andécaves aux Vénètes, peuple de même origine établi en basse-Loire et en Morbihan, contre lequel le peuple angevin avait su préserver son indépendance. Jules César et ses légions avaient été, au milieu du premier siècle avant notre ère, des adversaires d’une tout autre force : c'est dans un pays qui ne semble pas opposer de résistance que le légat Crassus hiverne, en 57-56 avant Jésus-Christ, et que César peut préparer ses campagnes victorieuses contre les peuples de l'Ouest. Mais c'était mal connaître l'opiniâtreté angevine : cinq ans plus tard, le chef angevin Dumnacus ne se contente pas d'aller répondre, devant Alésia, à l'appel de Vercingétorix ; regagnant sa cité après la défaite, il joint ses armes à celles des Pictons qui se sont révoltés contre leur chef Duratius, trop dévoué à Rome. Il met le siège devant Limonum (Poitiers), mais à l'approche de quatre légions dépêchées contre lui, conscient de sa faiblesse, cherche à se mettre à l'abri au nord de la Loire. Il atteint les abords du fleuve mais ne réussit pas à le franchir et est vaincu par deux fois, en un lieu qui n'est pas avec certitude déterminé (entre les Ponts-de-Cé et Saumur). Les bandes gauloises sont en déroute et César peut, dans l'été de l'année 50 av. J.C., quitter le pays conquis pour n'y plus revenir.
La Gaule augustéenne est ensuite divisée en trois provinces : Aquitaine, Belgique et Lyonnaise. La cité des Andécaves (Andegavum, puis Juliomagus du nom de la ville romaine qui lui succède au temps d'Auguste) est située dans cette dernière province, ainsi que le territoire qui l'entoure. De soumission récente, elle est placée directement sous l'administration du pouvoir impérial, et connaît une urbanisation active au cours du premier siècle. Quelques révoltes sporadiques viennent rappeler aux Romains le souvenir de l'indépendance celte : Tacite mentionne en 21 un mouvement de rébellion des Andécaves, suivis de près par les Turons, contre la Rome de Tibère. Mais l'importance de ce soulèvement ne doit pas être exagéré : le légat de la Gaule celtique, Acilius Aviola, en vient à bout avec sa seule cohorte. En 32, un autre sursaut de révolte est tout aussi éphémère. La romanisation est inéluctablement en marche, et ces révoltes, qui peuvent avoir des causes fiscales - Tibère aux prises avec des difficultés financières accentue le poids des prélèvements - sont aussi les dernières expressions d'une identité celtique mise à mal par la rigidité du nouveau cadre de vie qui se superpose à l'ancien : c'est la fin de l'indépendance monétaire, de la singularité religieuse, des pratiques coutumières et des regroupements tribaux. De telles évolutions ne pouvaient s'effectuer sans soubresauts.
Repères chronologiques
- Ve siècle av. J.C. : installation des Celtes, dont les Andes – ou Andegaves – sont un rameau
- 386 av. J.C. : prise de Rome par les Celtes
- 100 av. J.C. : stabilisation du territoire des Andécaves et de leur cité Andegavum
- 57-56 av. J.C. : Crassus et la VIIIe légion romaine hivernent chez les Andécaves
- 52 av. J.C. : les Andécaves participent à la défense d’Alésia
- 51 av. J.C. : Dumnacus, chef des Andécaves, assiège Poitiers. Il est écrasé en faisant retraite vers la Loire
- 40 av. J.C. : Juliomagnus remplace Andegavum comme capitale de la civitas.
- 21, 32 : dernières révoltes des Andécaves contre les Romains
- 68-70 : révolte de Julius Vindex, gouverneur de la Lyonnaise, création d’un empire des Gaules.