L’affaiblissement du pouvoir romain à la fin du IIIe siècle avait ouvert des temps de troubles extrêmes. Ils semblent s’apaiser néanmoins sous Dioclétien et ses successeurs, qui, pour mieux les maîtriser, décident une réorganisation administrative des Gaules.
La Celtique est divisée en deux Lyonnaises et Angers est incluse dans la seconde d’entre elles. Un peu plus tard, une nouvelle division, en quatre cette fois, situe l’Anjou dans la troisième Lyonnaise avec pour métropole Tours. Durant cette rémission passagère, les domaines achèvent de se fortifier, les remparts se rehaussent et se renforcent de tours. L'Ouest ligérien est alors inclus dans un vaste commandement militaire, le Tractus Armoricanus, destiné à combattre la piraterie maritime qui n’a pas oublié le chemin de la Loire. Enfin, pour assurer la sécurité des territoires ruraux, l’Empire y installe des soldats - laboureurs venus des confins de ses possessions, qui, tout en formant tout d’abord des colonies isolées par leur langue et leurs coutumes, contribuent à la barbarisation de l’Empire et au rejet de ses représentants par les provinciaux. L’abandon des échanges et le repliement sur les cadres anciens se mesure par le phénomène de retour au premier plan du nom des peuples locaux, et l’abandon progressif du nom romanisé des villes. Ainsi Angers n’est plus Juliomagus mais la « Civitas Andegavorum », cité des Andes désormais livrée à ses propres forces face à l’envahisseur.
Mais un nouveau monde est en train de naître là où l’ancien s’effondre : le christianisme est apparu sur la Loire au IIIe siècle avec Gatien, évêque de Tours, même si la tradition légendaire fait de Julien, évêque du Mans, l’un des 72 disciples du Christ. Au IVe siècle, Tours, où siège Martin, et Poitiers, où réside Hilaire, sont les deux capitales morales de la Gaule de l’Ouest. A Angers, une communauté chrétienne est attestée dès les premières années du IVe siècle. Elle est, cinquante ans plus tard, suffisamment forte pour que son représentant porte le nom de Defensor, mention symbolique qui atteste que l’évêque, ayant son siège à l’intérieur des murs de la cité, réunit entre ses mains les pouvoirs politiques, militaires et religieux. C’est à lui que l’on doit sans doute la construction de la première église chrétienne intra-muros, à l’emplacement actuel de la cathédrale. C’est lui encore, qui, présent en 372 à l’élection de Saint Martin, est cité pour s’y être violemment opposé. C’est lui enfin, dont la tradition nous rapporte la sépulture hors les murs, dans un lieu qui pourrait être la crypte dite « de Saint Maurille », dégagée lors de fouilles en 1878 place du Ralliement, et dont plusieurs croquis nous conservent le souvenir.
Repères chronologiques
- 306-337 : Constantin, empereur
- 313 : Constantin accorde la tolérance au christianisme dans l’empire romain
- v. 350 : Florent s’installe au Mont-Glonne
- 355 : invasion des Francs, des Saxons et des Alamans en Gaule
- 371-397 : Saint-Martin, évêque de Tours
- 372 : Defensor, premier évêque d’Angers
- 390 : l’Anjou est inclus dans la IIIe Lyonnaise, avec Tours pour métropole