Janvier 1793 : la Révolution entre dans sa quatrième année. Après le temps des réformateurs, est venu celui des « sans-culottes », contraints d'agir dans l'urgence : aux frontières se pressent les armées des princes coalisés. La victoire de Valmy, le 20 septembre 1792, évite de peu l'invasion.
Le lendemain même, se réunit la Convention, assemblée nouvelle dont les membres sont pour la plupart issus des Comités révolutionnaires. Dans un premier vote symbolique, l'assemblée approuve l'abolition de la royauté, puis organise dans l'automne le procès du roi. Son exécution, le 21 janvier 1793, ravive le conflit armé : l'Angleterre, le pape, l'Espagne, les princes allemands et italiens sont désormais unis contre la République régicide. Aussitôt réapparaît le spectre de la défaite et la menace de l'invasion. Devant le danger, la Convention mobilise, et décide la levée de 300 000 hommes.
Cette mesure brutale, particulièrement dirigée vers le monde paysan, déjà appauvri par la désorganisation des approvisionnements, est ressentie comme tout à fait inacceptable. La révolte immédiate n'est pas seulement angevine: du nord à Toulouse, de la Bourgogne à l'Orléanais, ou à l'Alsace, éclatent de véritables insurrections, réprimées sans états d'âme par les représentants en mission, émissaires fraîchement désignés du tout nouveau Comité de Salut Public. Dans l'Ouest, l'insurrection se propage comme une traînée de poudre. Dès le 4 mars, les administrateurs du district de Cholet adressent à Angers une pressante mise en garde, réclamant des renforts et l'envoi d'un commissaire : « la loi du 24 février sur le recrutement a excité parmi les hommes qu'elle oblige à concourir au complètement de l'armée la plus grande fermentation. Hier dimanche, les garçons de Cholet s'assemblèrent, au nombre de cinq à six cent, et formèrent différents projets. Les uns voulaient que les patriotes seuls partissent ; d'autres, que ce fussent seulement ceux qui composent la compagnie de grenadiers ou de canonniers. Presque tous ont décidé qu'ils ne tireraient pas... Hier soir, dans l'attroupement, ils quittèrent tous la cocarde nationale, et quelques-uns eurent l'infamie de la fouler aux pieds ». Les premiers attroupements se transforment en émeutes. Des chefs sont trouvés, le garde-chasse Stofflet, le voiturier Cathelineau, les anciens militaires Bonchamps et d'Elbée. Une à une, les places sont acquises. Le 12 mars, c'est au tour de Saint Florent-le-Vieil, dont les administrateurs annoncent le lendemain au Directoire de Département le passage aux mains des insurgés. Le lendemain, c'est à Cholet que les gardes nationaux en hâte réunis sont taillés en pièces. Désormais, l'armée qui s'est formée n'est plus seulement une troupe de hasard : déterminée à combattre, elle s'organise face à la Convention qui prend, le 19 mars, un décret prescrivant la mort de toute personne arrêtée les armes à la main ou porteuse d'une cocarde blanche. La guerre civile est déclarée.
Repères chronologiques
- 1709-1710 : crise de subsistances et épidémies
- 1725 : les filles de Louis XV sont confiées en pension à Fontevraud
- 1749-1752 : création des manufactures de toiles à voile (Angers, Beaufort) et de toiles peintes (Angers, Tournemine)
- 1760 : « Mémoire sur les défrichements » par le marquis de Turbilly
- 1771 : Monsieur, frère du roi, reçoit l’Anjou en apanage
- 1773 : lancement des « Affiches d’Angers », premier journal de l’Anjou
- 1774 : ouverture du Canal de Monsieur
- 1787 : réunions de l’Assemblée provinciale d’Anjou
- Printemps 1789 : désignation des représentants des trois Ordres aux États généraux
- 1790 : création du département de Maine-et-Loire
- 12 mars 1793 : début de l’insurrection vendéenne à Saint-Florent-le-Vieil
- juin 1793 : prise de Saumur et d’Angers ; échec devant Nantes
- octobre-décembre 1793 : périple des Vendéens, du passage de la Loire à Saint-Florent-le-Vieil au second siège d’Angers
- 25 février 1796 : mort de Stofflet
- 18 janvier 1800 : paix de Montfaucon
- 15 juillet 1801 : signature du Concordat