Anjou - Département de Maine-et-Loire
Archives départementales Aux sources de l'histoire de l'Anjou

Semaine du 26 février au 4 mars 1917

La Chronique Angevine de La Croix (25 JO 27) est le relai de la vie locale du département. Elle reflète les difficultés quotidiennes des habitants de la région et s’intéressent en particulier aux comportements immoraux, que les valeurs chrétiennes du journal condamnent fortement.

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Uhlans à Compiègne

La ville de Compiègne est le théâtre d’une scène tragi-comique singulière. La journée s’annonce alors parfaitement normale lorsqu’ « on vit soudain arriver à toute allure une dizaine de Uhlans, l’air terrible ». Devant cette bande de cavaliers prussiens armée de lances, « ce fut un sauve-qui-peut général ». Les habitants se retranchent chez eux quelques instants puis, n’entendant rien au dehors, se décident à sortir, curieux. L’explication est bientôt toute trouvée : « un entrepreneur de cinéma, ayant à tourner une scène sensationnelle sur l’espionnage, n’avait rien trouvé de mieux que d’habiller huit figurants, de les armer et de les faire dévaler dans la grande rue de Compiègne, espérant profiter, en même temps, de la frayeur des habitants ». L’effet voulu est bien produit, mais le commissaire de police, ne trouvant pas ce subterfuge à son goût, dresse un procès-verbal contre l’auteur du film.

À propos du crime à Sablé

Deux gamins de seize ans commettent un crime dans la ville de Sablé-sur-Sarthe en s’inspirant d’un des films policiers projeté par les cinématographes. Établissant l’équivalent d’un comité de censure, les représentants du village décident désormais des œuvres diffusées : « Le maire […] a formellement interdit les représentations […] des drames policiers, des romans-cinéma et de toutes autres scènes de nature à fausser l’imagination des enfants et des jeunes gens. L’apposition sur les murs de toutes affiches traitant de ces sujets est également défendue ».

La « voyante » de Loublande

D’après le journal La Croix des Deux-Sèvres, un étrange phénomène sévit dans la région de Châtillon et de Cholet. « Il s’agit d’une jeune fille de la campagne, qui recevrait les confidences du Sacré-Cœur de Jésus, concernant les événements actuels ». Les autorités religieuses et les croyants de la région s’intéressent de près aux capacités de la jeune femme et cherchent à prouver la véracité de ses visions. « Nous croyons qu’il y a ou qu’il y a eu quelques chose, et que l’autorité religieuse s’en est émue et s’en est occupée. Le clergé se tient dans une prudente réserve et montre une grande et très sage discrétion ; mais l’impression générale des personnes sérieuses (et religieuses) est qu’il croit à des manifestations surnaturelles divines ». Appelant à ne pas céder au mysticisme, La Chronique Angevine de La Croix rappelle que le plus important « c’est de mériter sa divine intercession en faveur de la France et de ses armées, par ce qui, seul, peut toucher et émouvoir le Cœur de Dieu […] Rendons à Dieu sa place dans notre cœur, au foyer et dans la société, et Dieu, qui ne veut pas que la France périsse, ne manquera pas, à son heure, de lui rendre la sienne dans le monde ».

Pourquoi il n’y a plus de beurre à Angers

Le ravitaillement de la ville d’Angers favorise en particulier les productions locales alentours car le coût du transport et des taxes sur les produits laitiers sont élevés. « On optait à Angers sur du beurre de Chalonnes. Il n’en est pas venu la plus petite motte ». Les difficultés du petit village empêchent toute exportation de ses produits. Des incidents éclatent ainsi sur le marché d’Angers entre les particuliers et les commerçants de l’agglomération. Quelques minutes suffisent à ce que tout le beurre disponible sur les étals soit acheté par les locaux, « chacun accumulant les livres de beurre pour son frère, son oncle, sa tante, son cousin … ». Lorsque les marchandes d’Angers arrivent enfin, il ne reste plus le moindre gramme de beurre et les plaintes fusent alors. Ces dernières disent « avec raison qu’elles faisaient des frais pour n’avoir, en retour que des reproches de leurs clients qui s’imagine qu’elles ne veulent pas fournir la denrée nécessaire ! ». Leur colère s’accentue même lorsque les forces de l’ordre prennent la défense des particulier : «  ce fut l’intervention des gendarmes qui ne furent pas tout-à-fait galant […] Ils dressèrent même trois ou quatre contraventions, sous prétexte que ces dames, qui n’avaient rien pu acheter, ne circulaient pas assez vite à leur gré ! ».

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