Sous la présidence d'Anne Prouteau
Anne Prouteau, Maître de conférences en littérature à l’université catholique de l’Ouest
Maître de conférences en littérature française à l’université catholique de l’ouest à Angers, sa recherche porte sur la littérature contemporaine, et en particulier sur le corpus camusien sur lequel elle a publié une dizaine d’articles.
Sa thèse est parue sous le titre Albert Camus ou le présent impérissable, avec une postface de Paul Viallaneix (Orizons, Universités/Domaine Littéraire, 2008). Elle a participé au Dictionnaire Camus (Robert Laffont, 2009) et au Cahier de L’Herne consacré à Camus (2013).
Elle a fait paraître, en collaboration avec Agnès Spiquel, Lire les Carnets d’Albert Camus (Septentrion, 2012) ainsi que Camus l'artiste (PUR, 2015). S'intéressant à littérature d'expression française, elle vient de publier avec Béatrice Bouvier, Tissages littéraires franco-chinois (Rineveuve 2016).
Alain LANAVERE, Les quatre premiers romans de René Bazin
Stéphanette, Ma tante Giron, La sarcelle bleue, Une tache d’encre
Alain Lanavère, Maître de conférences honoraire en littérature à l’Université catholique de l’Ouest
Alain Lanavère, ancien maître de conférences à l'université de Paris-IV-Sorbonne et à l'Institut catholique de Paris, né le 8 janvier 1943, ancien élève de l'Ecole Normale Supérieure (Ulm), professeur agrégé des lettres (classiques), docteur ès lettres; actuellement professeur de littérature française à l'ICES (La Roche-sur-Yon). Marié, père de quatre enfants. Publications récentes : préface de Gingolph l'abandonné, de René Bazin, éditions Clovis; Promenades à Fleurville, dans Les Cahiers séguriens, n°8. Travaux en cours : une édition de la correspondance inédite de Mme de Ségur, une biographie de la même...
Les quatre premiers romans de René Bazin : Stéphanette, Ma tante Giron, La sarcelle bleue, Une tache d’encre.
Les quatre premiers romans de René Bazin (Stéphanette, Ma Tante Giron, Une tache d'encre, La sarcelle bleue, 1884-1892) offrent un ensemble qui, au début de la carrière de Bazin, aurait pour trait majeur de ne pas annoncer encore les grands sujets moraux et sociaux qui seront sa spécialité. En effet, ces quatre romans sont très variés, dans leurs personnages, leurs tonalités, leur approche personnelle : c'est que le romancier ne veut pas se répéter, et s'essaie à divers sujets. Ces romans ont tous en commun de reposer, notamment pour les descriptions des paysages angevins, sur l'expérience profonde de l'auteur; ils se veulent aussi amusants, soit qu'y paraissent des personnages drôlatiques, soit que les intrigues en soient fantaisistes, soit enfin que l'auteur y joue avec quantité de références littéraires, permettant des clins d'œil au lecteur. Mais déjà de grandes qualités littéraires les marquent : art achevé de la description, maîtrise du découpage en chapitres et du suspense, sûreté presque réaliste des détails; mieux même, La Sarcelle bleue présente l'étude d'un cas psychologique original, la passion quasi incestueuse d'un oncle pour sa nièce. Mais la chose est traitée avec une délicatesse et une finesse qui, aux antipodes des grossièretés des naturalistes, rendaient déjà René Bazin très recommandable auprès du public cultivé et soucieux de décence de la fin du siècle.
Pierre-Jean DUFIEF, La genèse de La Terre qui meurt
Pierre-Jean Dufief, Professeur de littérature à l’université de Paris-Ouest Nanterre
Pierre-Jean Dufief, professeur émérite à l'université de Paris Ouest Nanterre, a tout particulièrement travaillé sur le roman de 1870 à 1914, sur les correspondances d'écrivains et sur l'œuvre des frères Goncourt. Il a dirigé pendant 12 ans l'unité du CNRS spécialisée dans l'édition et l'étude des correspondances et des journaux personnels d'écrivains et d'artistes. Il est président de l'ADIREL (association internationale de recherche en littérature française) et de la Société des amis des frères Goncourt.
La genèse de La Terre qui meurt
Il nous a paru intéressant, à l’occasion de ce colloque, de travailler sur les archives de René Bazin, conservées aux Archives départementales de Maine et Loire. L’écrivain, comme nombre de romanciers réalistes, a précieusement conservé ses « dossiers préparatoires » ainsi que les carnets qui constituent le journal d’une vie et d’une œuvre. Ces documents permettent d’éclairer sa méthode de travail, la fabrique de ses romans. L’abondance de ces archives impliquait de se focaliser sur une œuvre représentative ; nous avons choisi de privilégier La Terre qui meurt, par admiration pour cet ouvrage, par piété familiale aussi car ce roman fait revivre la vie rurale dans le village de Sallertaine, berceau de ma famille paternelle.
Brunetière considérait que René Bazin avait incarné le vrai, le bon naturalisme contre le mauvais naturalisme de Zola. La méthode de travail des deux écrivains (enquêtes sur le terrain, plans, fiches personnages, documents divers, notes de lecture) les rapproche pourtant assez largement. Bazin accumule une riche documentation (noms propres, termes techniques, observations ethnographiques, géographiques) qui viennent nourrir une œuvre de fiction soucieuse de vérité. Il est important d’étudier aussi tous les procédés de gommage, d’atténuation, de traitement très personnel du document, qui donnent au silence, à la suggestion, à la poésie toute leur place dans une œuvre qui est à la fois un roman à thèse, un roman réaliste et un beau poème de la campagne.
Christiane Astoul, Le roi des Archers, un catholicisme social incarné
Christiane Astoul, Docteur en Lettres modernes
Mme Christiane Astoul-Calendreau, docteur en littérature a participé à Angers aux colloques : « Vendée, Chouannerie, Littérature » et « Loire Littéraire » ; en Vendée aux colloques : « Christianisme et Vendée », « La Vendée littéraire » et « L’Empreinte des Guerres de Vendée ». Membre du Centre vendéen de recherches historiques (CVRH), elle a donné plusieurs contributions à la revue Recherches vendéennes, elle a également préfacé le volume des « Romans » de Jean Yole et elle est l’auteur de « Louis Chaigne : un humanisme de Vendée ». Membre de l’Académie des Sciences, Belles-Lettres et Arts d’Angers, elle a donné dans ce cadre une communication sur « Louis Chaigne et la renaissance littéraire catholique ». Et dans le cadre de la commémoration de la Guerre 1914-1918 : « L’Appel des armes d’Ernest Psichari ».
Le roi des Archers, un catholicisme social incarné
En 1929, René Bazin publie son avant dernier roman, Le Roi des archers. Rien dans le titre ne laisse supposer qu’il s’agit d’un roman « ouvrier » dont l’histoire se déroule dans le Nord. Il est pourtant l’aboutissement d’une longue réflexion de l’auteur sur l’encyclique Rerum novarum, promulguée en 1891 par Léon XIII. Après avoir dénoncé dans nombre d’ouvrages l’égoïsme de certains patrons et « la situation d’infortune et de misère imméritée des travailleurs », René Bazin propose cette fois de mettre en œuvre une sorte de cité idéale réglée par les vertus chrétiennes. Mais Le Roi des archers n’est ni un roman à thèse, ni un roman naturaliste dans la veine de Zola. Et les rapports complexes entre patrons et ouvriers s’incarnent dans l’épaisseur humaine des personnages de celui que Brunetière appela « une sorte de Flaubert qui aurait du cœur ».